D'autres pistes pour améliorer la sécurité routière d'ici 2020

Le verdit est tombé récemment par les mots même du ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve. Le bilan de la sécurité routière est mauvais et l'année 2014 enregistre pour la première fois en 12 ans, une hausse de la mortalité sur la route.

Alors que l'alcool et la vitesse sont toujours les principaux maux contre lesquels il faut lutter, d'autres pistes sont encore à explorer pour atteindre l'objectif de moins de 2000 morts à l'horizon 2020.

Les usagers les plus fragiles sont les plus touchés

Le bilan 2014 de la sécurité routière montre une hausse de 3,7 % des décès en 2014 par rapport à 2013, soit 120 morts de plus. Si on peut expliquer cette variation par les conditions climatiques avec une des années les plus chaudes de l'histoire de la météo, il n'en demeure pas moins que l'analyse des chiffres montre clairement une tendance haussière. Sommes-nous arrivés à un palier indépassable ?

La hausse est la plus sensible chez les cyclistes et les piétons. L'évolution de la courbe de ces derniers est d'ailleurs en constante augmentation au cours de l'année. Alors qu'ils ne représentent que 1,9 % du trafic global, les motocyclistes comptent pour près du quart des tués (23 %). A noter que comme constante tragique, 75 % des tués sont des hommes et que 20 % des tués ne portaient pas de ceinture alors que 29 % d'entre eux étaient alcoolisés. Enfin la vitesse reste, d'après les chiffres la première cause d'accident avec un pic à 48,4 % dans la tranche d'âge 18-24 ans.


Face à ce constat inquiétant et à un premier mois de janvier 2015 qui confirme allègrement cette tendance avec + 12 % de tués, le ministre de l'intérieur a annoncé un ensemble de 26 mesures qui visent à inverser ces chiffres au plus vite.

Objectif : 26 mesures pour 2000 morts en 2020

Parmi les 26 mesures annoncées par le ministre de l'intérieur le 26 janvier, on retiendra surtout :

La formation avec l'abaissement de l'âge minimal pour accéder à la conduite accompagnée à 15 ans avec la possibilité de passer le permis à 17 ans et demi et le développement d’un module de sensibilisation à la sécurité routière en classe de seconde dès la rentrée 2015.

L'abaissement du taux légal (à titre "expérimental") de l'alcoolémie limite pour les jeunes conducteurs de 0,5g/L à 0,2g/L de sang. On rappelle qu'un verre d'alcool compte pour 0,25g/L. Tandis que sur le terrain des stupéfiants, 11 départements expérimentent depuis quelques mois, un nouveau test salivaire pour détecter la présence de cannabis en quelques minutes.

Pour les usagers les plus fragiles que sont les motos et les piétons, deux mesures vont viser à mieux les protéger. Tout d'abord avec l'obligation pour les usagers de deux-roues motorisés de porter le gilet de sécurité en cas d’arrêt d’urgence et  l'interdiction de stationnement des véhicules à moins de 5 mètres des passages piétons.

La lutte contre la vitesse est elle renforcée avec le déploiement de nouveaux radars automatiques double face ainsi que le déploiement restreint mais déjà très contesté, de portions de routes secondaires limitées à 80km/h au lieu de 90.


Enfin dernière mesure et c'est celle qui probablement a fait le plus de bruit dans les médias. C'est l'interdiction des oreillettes, casques et écouteurs à l'exception des systèmes bluetooth qui diffusent sur les enceintes de la voiture. Une mesure qui a du mal à passer notamment auprès de certaines professions qui doivent répondre au téléphone en permanence pour prendre des rendez-vous notamment. On pense aux taxis.

D'autres mesures qui pourraient donner des résultats

Si on interroge les associations d'automobilistes ou de motards comme 40 millions d'automobilistes ou la FFMC (Fédération Française des Motards en colères) d'autres mesures pourraient donner de meilleurs résultats. Ils estiment notamment que l'abaissement de la vitesse n'est plus acceptée par la population et que d'autres pays obtiennent de meilleurs résultats avec des limitations pourtant plus élevées.

Voici quelques pistes d'évolutions souvent évoquées :
  • Généraliser les avertisseurs de sécurité de non-port de ceinture dans les véhicules.
  • Généraliser les détecteurs d'endormissement pour l'itinérance sur les autoroutes notamment.
  • Remettre en état certaines routes dangereuses, notamment avec les nids de poule pour les motards.
  • Faire une limitation de vitesse plus adaptée en fonction de la dangerosité de la route considérée et non à l'aveugle.
  • Insister et verbaliser le non-respect des distances de sécurité.
  • Communiquer et mieux verbaliser l'oubli du clignotant, un aspect très important pour les 2 roues motorisés qui doivent non seulement être vu mais voir et anticiper.
  • Mettre en place un continuum éducatif afin de revoir les détenteurs du permis en formation au cours de leur vie.
  • Mieux détecter et verbaliser les comportements dangereux avec le smartphone comme l'envoi de SMS ou la publication de statuts facebook ou de posts twitter. Ce genre de comportement multiplierait statistiquement le risque d'accident par 26.

On le sait, l'amélioration de la sécurité routière est le fruit de multiples facteurs comme l'évolution des mentalités, l'amélioration de la technologie ou encore bien entendu le déploiement des radars automatiques et l'abaissement de la vitesse moyenne depuis 2003.

Bien que pour des raisons de faisabilité économique, il est pratique de réduire encore les limitations de vitesse de manière globale, on sait très bien que ce facteur agira plus sur le caractère aggravant des accidents que sur la cause immédiate. Le smartphone, l'alcool, les stupéfiants et le respect des usagers les plus fragiles sont les seuls autres leviers qui pourront donner des résultats encore significatifs à l'avenir.  A moins que d'ici là, Google et les constructeurs automobiles mettent tout le monde d'accord avec les voitures sans conducteur et que l'obtention du permis ne soit que de l'histoire ancienne.